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Sa pureté d’âme

Je rappelle que je suis autorisé, par Alexandrina, à dire de son âme ce qui me semblera opportun, y compris ce qui aurait pu m’être révélé lors de la confession.

« Bienheureux les cœurs purs, car ils verront Dieu! »

Oh combien cette béatitude trouve son application chez Alexandrina!

Tout d’abord, elle ne commit jamais de péché mortel, bien que, plus d’une fois, comme elle l’écrivit elle-même dans ses notes autobiographiques, elle se trouva en des situations périlleuses pour sa pureté, mais elle sut se comporter héroïquement. Écoutons-la :

— « A l’âge de dix-huit ans, je me suis trouvée, à l’improviste, dans une situation de très grand danger. Je me souviens que j’avais mon chapelet à la main et que j’ai serré bien fort la médaille de Notre-Dame des Grâces.[1] Subitement, j’ai été délivrée du danger. C’est sans doute la Maman du ciel qui m’a délivrée et protégée. »[2]

Elle m’assura à plusieurs reprises, n’avoir jamais fait aucune chose où elle put prévoir le péché.

Pour la période pendant laquelle je l’ai confessée, soit de 1933 à 1942, je peux certifier n’avoir jamais trouvé, dans ses confessions, le moindre péché véniel délibéré.

Ce qu’elle appelle, dans ses écrits, “ses péchés” et pour lesquels elle a tant d’horreur, ce sont des imperfections inévitables à la faiblesse humaine.

Déjà, de seize à dix-neuf ans, lorsqu’elle avait beaucoup de difficulté pour manger, à cause des maladies dont elle souffrait, elle déclare que son confesseur, monsieur le Curé, lui disait que son plus grand péché était celui de ne pas manger.

Mais, voyons ce qu’Alexandrina appelle ses grands péchés, en lisant un extrait d’une lettre envoyée à son directeur spirituel et datée du premier janvier 1933:

« Je vous écris, mon Père, pour soulager mon âme elle n’avait pas pu se confesser — vous déclarant mes fautes. Je commencerai par vous dire que mes prières ne sont pas abondantes et de surcroît mal faites : je ne peux mieux faire. Ma pensée voyage partout; si je pouvais l’apprivoiser, ce serait une excellente chose. Avec ma mère et ma sœur, j’ai toujours quelques impatiences, mais je fais de mon mieux pour m’en corriger. Toutefois, le démon, lui aussi, n’en finit pas de me faire des suggestions, dans l’espoir que je cède un jour ou l’autre. Vis-à-vis du prochain, je dois aussi dire quelque chose: je fais pourtant de mon mieux pour ne pas y manquer, mais parfois, je n’y réussis pas.

Enfin, je suis tellement faible et pécheresse, que je n’arrive pas à me corriger de mes péchés. Que Notre-Seigneur aie pitié de moi. »

En matière de chasteté, Alexandrina fut ce que j’ai rencontré de plus angélique. Même le médecin du pays qui la soigna pendant de longues années, me disait un jour, en parlant d’elle: « je n’ai jamais vu une demoiselle aussi pudique et aussi sage; et pourtant cela fait bien longtemps que j’exerce. »

Il n’est donc pas étonnant que tous ceux qui lui parlaient, aient l’impression de se trouver auprès d’un ange. Il n’est pas non plus étonnant que la rage de l’enfer et les assauts sournois du démon, cherchant à perturber son âme, fussent continuels.

L’extrait suivant, d’une lettre du 2 octobre 1937, envoyée à son directeur spirituel, éclaire nettement notre propos. Notre-Seigneur lui disait, après l’une de ces luttes contre l’enfer:

« Ma fille, ma bien-aimée, foyer attrayant de mon Cœur, écoute, ton Jésus, ton Époux. Ne fais pas cas du démon, mon plus grand ennemi. Tu ne fais rien, tu ne dis rien; c’est lui qui te livre ces attaques. Ne t’ai-je pas demandé, il y a quelques jours, d’avoir du courage pour les combats à venir? Je ne t’abandonne pas; aie confiance en moi. Tu es mon épouse de prédilection. Je t’ai placée dans mon Cœur dès tes plus tendres années. C’est là que se déroule ta vie si extraordinaire et si prodigieuse. Tu es mon lis, mon lis blanc et pur. Je n’ai fait qu’enlever quelque poussière qui s’y était déposée. Repose-toi dans mes bras et dans ceux de ta Petite-Maman du ciel, dans nos Cœurs très saints, mais sans jamais cesser de me tenir compagnie dans l’ineffable Eucharistie!... »


[1] La médaille miraculeuse.

[2] En cette occasion, elle était seule chez elle. Sa mère et sa sœur étaient parties à l’église, pour assister à une cérémonie religieuse.

Quelqu’un — le même qui entra dans la maison obligeant Alexandrina à sauter par la fenêtre pour préserver sa pureté — chercha à ouvrir la porte qui n’était pas fermée à clef. Mais, grâce à l’intervention divine, la porte n’a jamais cédé. (Note du traducteur).