« Maître, nous voudrions que tu exauces notre
demande. »
Frères aimées, nous sommes ainsi :
nous voulons toujours que le Seigneur nous écoute sans retard, et que sur
l’heure, Il “exauce notre demande”. Nous sommes très exigeants et par trop
irréfléchis. Seul notre désir, notre “vouloir” compte…
“Vouloir” forcer la main de Dieu
est presque un péché, ou peut-être même un péché, car nous essayons de le
tenter.
Comment cela ?
Tout simplement parce que nous, à
ces moments-là où, nous procédons de la sorte, nous ne pensons qu’à nous : nous
sommes non seulement égoïstes mais aussi tentateurs.
Quand nous demandons une grâce à
Dieu, rarement nous ajoutons une petite phrase — cette remarque vous la faites à
vos enfants ! — qui a une très grande valeur impétra-toire, car celle-ci laisse à
Dieu toute latitude d’agir envers nous ; cette petite phrase est la suivante :
“Seigneur, si cela te plaît et si telle est ta sainte Volonté, et pour le
bien de mon âme, accorde-moi cette grâce…”
Le terme “vouloir” ne doit jamais
être employé dans une prière impétratoire, étant don-né que notre “vouloir” n’a
rien de commun avec le “vouloir” de Dieu, notre Créateur et Père.
Notre “vouloir” peut recevoir le
même désagrément qu’a reçu le “vouloir” des apôtres de Jésus : « Vous ne
savez pas ce que vous demandez ». Mais nous pouvons également re-cevoir cette
interrogation qui “refroidirait” nos désirs les plus insensés : « Pouvez-vous
boire à la coupe que je vais boire, recevoir le baptême dans lequel je vais être
plongé?»
Et à quel calice Jésus a-t-il bu ?
Dans quel baptême a-t-il été plongé après sa prière au Jardin des Oliviers qui
n’en était que le prélude ?
Chacun de nous sait que le Seigneur
a bu le calice de tous les péchés du monde et qu’Il l’a bu jusqu’à la dernière
goutte, et qu’Il souffrit ensuite la Passion et la mort sur la Croix, afin que
nous soyons tous libérés et puissions entrer dans le Royaume des Cieux pour
toujours.
Laissons de côté nos exigences
démesurées et insensées, si nous ne voulons pas que Jésus, accédant à nos
“caprices”, nous dise comme à ses disciples : « La coupe que je vais boire,
vous y boirez ; et le baptême dans lequel je vais être plongé, vous le
rece-vrez ».
Et cette réponse est bien loin de
celle que nous attendions après avoir “voulu” que le Seigneur nos accorde telle
ou telle grâce ; grâce que nous souhaitions tellement, sans pour autant nous
être préoccupés ni de son poids ni de sa profondeur et encore moins de son
opportunité, par rapport à notre âme et à notre salut.
Nous sommes exigeants et bien
souvent téméraires : nos demandes dépassent souvent et nos forces et nos
mérites. Nous sommes bien souvent présomptueux, bien souvent des “tombeaux
peints en blanc, mais remplis de pourriture”. Mais cela ne compte pas pour
nous : quand nous voulons quelque chose de Dieu, nous ne lui laissons même pas
le temps de nous demander : « Que voudriez-vous que je fasse pour vous ? »
Il faut que cela soit de suite, sinon — et ceci arrive très souvent ! — nous
mettons Dieu en quaran-taine : nous ne prions plus, nous ne méditons plus, nous
n’allons plus à la Messe, nous ne recevons plus la Communion, parce que Dieu n’a
pas voulu nous écouter ni exaucer pour la grâce que nous “voulions” à tout prix…
Nous oublions — pauvres de
nous ! — que si la grâce n’a pas été exaucée maintenant, qu’elle le sera
peut-être plus tard, quand ce sera “l’heure de Dieu”, ou peut-être jamais pour
la simple raison qu’elle pourrait mettre en péril notre âme et son salut.
Frères aimés, regardons
attentivement à l’intérieur de nous et, avec humilité, gravons dans nos cœurs,
bien souvent partagés, ces paroles de Jésus à ses Apôtres :
« Celui qui veut devenir grand
sera votre serviteur. Celui qui veut être le premier sera l'esclave de tous ». Amen.
Alphonse Rocha |