« Si quelqu'un veut être le
premier,
qu'il soit le dernier de tous et le serviteur de tous. »
« Le Fils de l'homme est livré aux mains des
hommes ; ils le tueront et, trois jours après sa mort, il ressuscitera. »
C’est en traversant la Galilée que Jésus fit cette
confidence à ses disciples, mais, ces derniers, occupés par une conversation
animée et “très intéressante”, celle de savoir qui était le plus grand” et de
connaître le rang de chacun dans le Royaume de Jésus, n’y prêtèrent pas
attention, à telle enseigne que l’évangéliste se sent obligé d’ajouter, non sans
un certain humour : « les disciples ne
comprenaient pas ces paroles »
Jésus savait de quoi ils discutaient ensemble,
c’est pourquoi, reprenant la parole il leur dit :
« Si quelqu'un veut être le premier, qu'il soit
le dernier de tous et le serviteur de tous. »
Nous pourrions ajouter : ceci était non seulement
valable pour les disciples de Jésus, mais l’est aussi pour nous tous, chrétiens
d’aujourd’hui.
J’entends d’ici, mes frères, le cri de vos cœurs :
“Et puis, quoi encore… J’en ai assez de me faire piétiner dans un monde égoïste
où chacun agit pour soi, sans penser aux autres !...”
De la même manière que, « les disciples ne
comprenaient pas ces paroles » nous non plus, ne sommes pas prêts ni à les
comprendre ni à les mettre en pratique : à quoi bon ?
Tous ces raisonnements seraient justes, s’il n’y
avait pas un “mais” qui a une importance certaine. C’est Jésus qui nous
“instruit”, comme il l’a fait jadis vis-à-vis de ses disciples un peu
décontenancés :
« Celui qui accueille en mon nom un enfant
comme celui-ci, c'est moi qu'il accueille ».
En effet, Jésus, « prenant alors un enfant, il
le plaça au milieu d'eux et l'embrassa », avant de leur dire la phrase
ci-dessus.
Il aurait pu leur dire : “Celui qui accueille un
enfant de Dieu” : cela aurait un sens plus généralisé, mais il a bien parlé d’un“petit”
enfant, pour bien leur montrer que son enseignement, son instruction, visait
bien le “grand” et le “petit” enfant de Dieu. Cela pourrait aussi s’interpréter
de la façon suivante :
« Le “grand” qui accueille en mon nom un
enfant comme ce “petit”, c’est moi qu’il accueille ».
Leçon d’humilité s’il en est.
Théophylacte, commentant ce passage de l’Évangile
écrit :
« Il veut, en effet, que nous désirions
parvenir au rang le plus élevé. Il ne veut pourtant pas que nous nous emparions
de la première place, mais plutôt que nous atteignions les hauteurs par
l'humilité ».
Reconsidérons donc notre prise de position
première et posons-nous la question de savoir si nous faisons tout pour que le
monde soit meilleur, en commençant par nous-mêmes.
Sommes-nous assez humbles pour servir nos frères,
même ceux qui nous piétinent souvent ?
Sommes-nous capables d’accueillir un “petit”, en
oubliant notre “grandeur” imaginaire ?
Il serait bon pour nous qu’il en soit ainsi, car,
Jésus nous prévient : « Celui qui
m'accueille ne m'accueille pas moi, mais Celui qui m'a envoyé. »
Accueillons donc tous nos frères, malgré les
différences qui tendraient à nous séparer ; aimons-les par amour de Dieu, comme
si nous accueillions Jésus lui-même. Amen.
Alphonse Rocha
|