Une
page de son Autobiographie
« Après quelques
moments de prière, implorant la lumière de l’Esprit Saint, je
commence à écrire ma vie… »
C’est ainsi que
commence l’autobiographie d’Alexandrina Maria da Costa, que le
Saint-Père Jean-Paul II — maintenant canonisé — béatifia le 25 avril
2004, place Saint-Pierre, à Rome.
Le fait que je vais
rapporter ici est très important, car il eut une incidence
importante sur la vie de la jeune-fille d’alors.
Cela s’est passé
pendant la Semaine Sainte, le 30 mars 1918, jour de son
anniversaire.
Elle raconte :
« Un jour, alors
qu'avec ma sœur et une autre fille plus âgée que nous, nous
travaillions à la couture, nous avons aperçu trois individus venant
dans notre direction.
Deolinda, comme si
elle pressentait quelque chose, m'a dit de fermer la porte du salon.
Quelques instants
après, nous avons entendu des pas dans les escaliers et ensuite
quelqu'un frapper à la porte.
— Qui est là ? — a
demandé ma sœur. Et l'un d’eux, qui avait été mon patron, nous a
demandés d'ouvrir, sans plus.
— Il n'y a pas de
travail pour vous ici, donc, pas question d'ouvrir, — a rétorqué
Deolinda.
Après quelques
instants de silence, nous avons entendu que le même individu montait
par l'échelle qui de l'étable, par une trappe, donnait dans le
salon. Effrayées, nous avons tiré la machine à coudre sur cette
trappe.
Le voyou, se rendant
compte que la trappe était fermée, a commencé à frapper à grands
coups de masse sur celle-ci. Il finit par soulever quelques planches
et à pratiquer un passage, par lequel il a pénétré dans le salon.
Deolinda, en voyant
cela, a ouvert la porte et est parvenue à s'enfuir…
L'autre fille l'a
suivie, mais les autres qui attendaient dehors l'ont attrapée.
Devant cette scène,
je me suis vue perdue. J'ai regardé autour de moi et, voyant que la
fenêtre était ouverte… sans la moindre hésitation j'ai sauté en bas,
en tombant lourdement.
J'ai voulu me
relever aussitôt, mais je ne le pouvais pas; une douleur lancinante
me paralysait. Nerveuse, dès que j'ai pu me relever, j'ai ramassé
par terre un piquet et je suis partie… je voulais défendre ma sœur
qui était entourée par les deux plus âgés… tandis que notre amie
luttait avec le troisième, dans le couloir.
Je n'ai plus pensé
qu'à les défendre.
— Hors
d'ici ! — ai-je crié.
Cela a été comme un
éclair, le voyou qui se trouvait dans le couloir, a pris peur et a
laissé immédiatement la jeune fille. C'est alors seulement, que je
me suis rendue compte que j'avais perdu une bague en or, lors de la
chute.
— Chiens ! À cause
de vous j'ai perdu ma bague...
Tout de suite l'un
d'eux, enlevant une bague de son doigt, me l'a présentée, en
disant :
— Tiens, prends
celle-ci, ne te fâche pas contre moi...
— Je n'en veux
pas ! — lui ai-je répondu, indignée — débarrasse le plancher tout de
suite !
Ils se sont retirés.
Et nous, excitées et allaitantes, nous sommes retournées à notre
travail.
De tout ceci, moi et
ma sœur, n'avons soufflé mot à personne, afin d'éviter une tragédie.
Toutefois ma mère, a
fini par l'apprendre, de la bouche même de notre amie Rosalina
Gonçalves. »
C’est un récit simple,
décousu et qui dit ce qu’il doit dire, sans rien rajouté de
superflu…
Le résultat du saut fut
désastreux : Alexandrina, lors de sa chute, écrasa certains disques
de sa colonne vertébrale, ce qui l’obligea rapidement à s’aliter
pour toujours, jusqu’à sa mort survenue le jeudi 13 octobre 1955,
anniversaire de la dernière apparition de la Vierge Marie à Fatima.
Quelques années
plus tard, brûlante d’amour, elle s’offrit à Jésus comme victime
pour les pécheurs et se consacra à Lui pour toujours, par le “vœu le
plus parfait”, qu’elle écrivit avec son propre sang.
— Avec mon sang, je
vous jure de beaucoup vous aimer, mon Jésus. Que mon amour soit tel,
que je meure enlacée à la croix. Je vous aime et je meurs d’amour
pour vous, mon cher Jésus. Je veux habiter dans vos tabernacles.
Alphonse Rocha |