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Le Bon Pasteur
Tout le
chapitre 10 de l'évangéliste Jean nous présente le Bon
Pasteur, dans un discours de Jésus aux Juifs. Chaque année
nous en lisons une partie en ce quatrième dimanche de
Pâques, dit justement “du Bon Pasteur”.
Après
avoir été l’Agneau qui prend sur lui tous les péchés du
monde, qui se laisse conduire à l’abattoir sans se plaindre,
Jésus est maintenant l’Agneau vainqueur, et comme tel Il
nous invite à Le suivre sur le même chemin qu’Il a parcouru
avant nous, se faisant ainsi le Pasteur de tout son
Troupeau, de toutes les brebis qu’Il a rachetées de Son
Sang.
C'est un
réconfort de nous entendre appeler par Jésus pour appartenir
à son troupeau ; c'est une joie aussi de savoir que nous y
trouverons toujours notre place.
Il ne
faudrait pas que le mot “troupeau” ait pour nous le sens de
désordre qu’il prend souvent. Ici, avec Jésus-Christ, nous
formons un troupeau ordonné, où chacun a sa place, où chacun
respecte le voisin, où personne ne se plaint de sa place, de
son rôle, de sa mission. Devant Dieu, chacun a une place
déterminée. On le verra encore tout à l’heure à propos de la
lecture de l’Apocalypse.
La phrase
finale de Jésus est vraiment décisive : Personne ne peut
rien arracher de la main du Père. Si nous nous attachons
fermement à la Main de Dieu, nous ne serons jamais en-dehors
du Troupeau divin des Élus.
Quelle
joie eurent les “païens”, à l'invitation de Paul et Barnabé,
de s'entendre appelés à faire partie du troupeau, à la place
des Juifs qui s'y refusaient. Ceux-ci furent aveuglés par
leur jalousie, par leur orgueil : ils pensaient être les
seuls à détenir la vérité, à être choisis par Dieu, mais
leur froideur devant l'annonce de la Bonne Nouvelle les a
éloignés de la Vérité.
Avec ces
convertis de la première heure, chantons nous aussi avec
allégresse ce psaume 99 : Nous sommes à lui, nous, son
peuple, son troupeau. Allons à ses parvis avec des hymnes :
allons retrouver nos frères dans la foi dans l’assemblée
dominicale, allons chanter ensemble notre joie d’appartenir
à Dieu, d’être baptisés dans l’unique Église du Christ. Loin
d’être ces auditeurs passifs qui attendent simplement que
finisse l’office, faisons nôtre la prière du prêtre,
associons nos intentions à celles des autres, créons
vraiment une Communauté, fraternelle et heureuse. Partageons
nos joies, nos soucis, nos peines, soyons “tout à tous”
comme saint Paul (1Co. 9:22).
Poursuivant la description de sa Révélation, Jean décrit ce
Troupeau dans la gloire, une foule de toutes nations, de
toutes races, de tous peuples et de toutes langues. C’est
cette vision dont nous lisons le récit le jour de la
Toussaint. Jean a vu d’abord les cent quarante quatre mille
élus, douze mille pour chacune des tribus d’Israël, qu’il
énumère l’une après l’autre. Il y aura bien sûr beaucoup
plus d’élus que ce nombre biblique ; simplement, ce carré du
chiffre douze est utilisé pour montrer la “perfection”,
l’organisation parfaite et sans faille de la Vie éternelle
auprès de Dieu. Le Troupeau céleste de Dieu est parfaitement
ordonné.
Et nous
voyons que tous ces élus portent des palmes, les palmes de
la victoire du Bien sur le Mal, de la Vérité sur l'Erreur,
de l’Innocence sur le Péché ; les palmes méritées au terme
du combat fidèle que chacun a mené durant sa brève vie
terrestre. Notre vie sur terre est souvent difficile,
douloureuse, arrosée de larmes et de pénibles sacrifices ;
supportée avec patience, cette existence terrestre nous
conduire à la Récompense finale, dans ce face-à-face avec
Dieu, à la suite de l’Agneau vainqueur dont la seule
présence sera notre consolation, notre joie sans fin, notre
nourriture mystique.
Dans ce
Royaume éternel, nous n'aurons plus faim ni soif : même
l'Eucharistie cessera. Dans cette communion indescriptible
en termes humains, l’Agneau nous conduira “vers les eaux de
la source de vie” — le texte dit plutôt : “vers les sources
des eaux de la vie”, c’est-à-dire que nous n’aurons pas
besoin d’autre chose que d’aller vers Dieu, nous nous
rassasierons de Le voir, Lui, l’Auteur de toute vie, dans un
mouvement à la fois perpétuel et statique, en chantant sans
cesse avec les Anges :
“Le salut à notre Dieu, qui siège sur le trône,
ainsi qu’à l’Agneau.”
“Louange, gloire, sagesse, action de grâces,
honneur, puissance et force à notre Dieu pour les siècles
des siècles ! Amen” (Ap. 7:10;12).
Abbé Charles
Marie de Roussy
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