ÉCRITS DE LA BIENHEUREUSE ALEXANDRINA

“SENTIMENTS DE L'ÂME”
— 1945 —

28 janvier 1945

Jésus me demande aujourd’hui deux sacrifices : l’un de l’âme, l’autre du corps. De l’âme, parce que je dois dicter tout ce qu’elle sent et souffre ; du corps, car mon état est si grave que j’ai du mal à parler et à mouvoir les lèvres pour parler. J’ai l’impression qu’à chaque mot que je dis, je m’arrache le cœur et les entrailles. Je suis confiante, car je sais que Jésus va m’aider à dire au moins ses divines paroles.

Je résume les sentiments de mon âme.

Ce matin, tôt, quand je me sentais courir vers la mort et la mort courir vers moi, je courais parce que les impulsions de l’amour m’obligeaient à courir. Seuls le sang et la mort seraient le salut du monde, et moi, je voulais le sauver. Combien de fois, pendant le trajet que j’ai parcouru, je suis tombée évanouie : il me semblait que j’allais vraiment perdre la vie. Perdre la vie pour donner de nouvelles vies m’encourageait et je reprenais mon chemin. Sur le calvaire, clouée à la croix, je sentais que mon sang coulait à torrents. Calme et sereine, l’esprit fixé uniquement en Dieu, j’attendais le moment du plus grand bonheur, le moment du salut. Ensuite Jésus est venu plein de tendre et d’amour pour moi.

— Ma fille, réceptacle divin, tabernacle où j’habite, prison de douceur et d’amour. J’ai attaché mon Cœur au tien, des liens du plus saint amour les attachent, tes liens enchanteurs m’ont attaché, ce sont des liens brillants, des liens de l’or le plus pur et le plus fin. Mon épouse, mon épouse, rien ne pourra nos séparer, rien ne pourra couper les liens matrimoniaux qui nous unissent. Ô ma belle colombe, ma reine, mon palais ! Reine du Roi céleste, palais de son habitation. Ma fille, vie d’amour, langue de louange, pureté angélique. Par toi le monde sera pur ; par ta langue le monde Me louera, par ton amour séraphique le monde m’aimera. Ô colombe, ô domaine, ô jardin divin, tu es le jardin dont Je suis le jardinier. Tu es jardin de vertus et d’enchantements, tu as enchanté mon Cœur. Tu es et tu seras toujours le charme des pécheurs.

— Cela oui, mon Jésus, oui, je veux les charmer pour Vous, coûte que coûte, mon amour ! Je Vous demande la grâce qu’ils soient tous enfermés dans votre divin Cœur ; je veux qu’aucune âme ne se perde, je le veux, je le veux, mon Jésus ! Je ne Vous refuse pas les souffrances, Vous, ne me refusez pas les âmes.

— Petite fille, ma petite fille, héroïne du monde, héroïne sans égal, comme sans égal sont ta souffrance et ton amour ! Tu es riche, tu es puissante ! J’ai préparé pour toi un fort arsenal, un armement de guerre… Ce ne sont pas des armes ni de feu destructeur, c’est un arsenal des vertus les plus héroïques, de la pureté la plus angélique, de l’amour des Chérubins et des Séraphins. J’ai préparé en toi ce que préparent les nations pour combattre lors des guerres. L’armement que j’ai déposé en toi n’est pas destiné à combatte le seul Portugal, mais le monde entier. Tu combattras, ma fille et tu vaincras. Tu pars pour le Ciel, mais sur la terra restera toujours cet armement divin que j’ai déposé en toi, et toi, blanche colombe, ô colombe angélique, tu l’as recueilli en toi, tu l’as embrassé par la souffrance, tu l’as embrassé en aimant. Tu es, mon épouse bien-aimée, un nouvel évangile aussi bien qu’une nouvelle rédemptrice. Un nouvel évangile, où est écrite, gravée, bien gravée la vie du Christ crucifié. Vie de douleur, vie d’amour vie de folie pour les âmes, vie de charité, vie de science et de doctrines du Christ Rédempteur. Je t’ai fait ressembler à Moi, j’ai graver en toi Mon portrait, ô victime bien-aimée, ô innocente salvatrice de ce bienheureux calvaire. Sauve les âmes, mets les à l’abri sous le manteau que Ma Mère bénie t’a offert. Courage, ma petite fille, toi que j’aime tant et que j’ai fait ressembler à moi ! Et, parce que je t’ai fait ressembler à Moi, comme Moi tu es calomniée, persécutée et méprisée. Ne crains pas. Des jours de soleil radieux approchent, soleil que plus jamais ne s’obscurcira, éclat qui ne disparaîtra plus jamais. La cause est mienne, le triomphe est certain. Cette cause ne disparaîtra qu’avec la disparition de mon Église, de ma doctrine. Repose-toi, ma fille, repose-toi dans mes bras. Souffres-tu beaucoup ? Souffres-tu le maximum ? C’est mon divin Amour. Réjoui-toi, car beaucoup d’âmes sont sauvées. Prend du réconfort dans mon divin Cœur.

Je me suis sentie dans les bras de Jésus et par Lui beaucoup caressée. Je sentais la tendresse de son divin Cœur et la compassion pour mes souffrances. Il m’a tenue dans ses bras pendant quelques heures. Il m’a fait penser à la mère qui ne quitte pas son enfant, quand il est moribond. Je souffrais beaucoup, c’est certain, mais je me sentais réconfortée par les tendresses de Jésus et par ses caresses. Cela m’humilie et me confond de voir à quel point Jésus est si bon envers moi.