Crépin et
Crépinien étaient des cordonniers romains. Ils faisaient des
chaussures pour les pauvres, et vinrent à Soissons annoncer
l'Évangile. Ils ont été martyrisés sous l'empereur Maximien.
Saints
Crépin et Crépinien furent saisis comme chrétiens et
conduits à l'empereur Maximien, qui était de passage dans le
nord des Gaules :
– D'où
êtes-vous, leur demanda Maximien, et quelle religion
professez-vous ?
– Nous sommes,
répondirent-ils, de nobles romains qui avons émigré dans les
Gaules pour y prêcher la Foi Chrétienne.
– Si vous
persistez dans cette folie, leur dit l'empereur, je vous
ferai périr d'une mort cruelle : si vous sacrifiez aux
dieux, je vous comblerai de richesses et d'honneurs.
– Tu crois nous
effrayer par tes menaces, répondent les saints martyrs ;
mais, pour nous, le Christ est la vie, et la mort est une
grâce. Quant aux richesses et aux honneurs, nous les avons
quittés volontairement ; garde-les pour tes amis. Si
toi-même tu ne renonces pas à tes dieux, tu brûleras au fond
de l'enfer.
Transporté de
rage, Maximien abandonna les deux chrétiens à l'un des plus
cruels exécuteurs des persécutions contre les chrétiens,
nommé Rictiovarus, pour les torturer avec une violence
extraordinaire.
Rictiovarus
leur fit enfoncer sous les ongles des roseaux pointus ; mais
ces roseaux se retournèrent contre les bourreaux et en
blessèrent plusieurs ; il les fit jeter ensuite, en plein
hiver, avec des meules de moulin au cou, dans une rivière
glacée, mais ils surnagèrent et ne sentirent pas le froid.
Ce fut ensuite
le tour du supplice de la chaudière remplie de plomb fondu ;
ce supplice fut inoffensif pour eux, comme les autres, mais
une goutte jaillit sur l'œil du tortionnaire, qui en devint
borgne.
Sa fureur lui
donna le courage de poursuivre, et les deux généreux martyrs
furent jetés dans une autre chaudière bouillante, remplie
d'un mélange de poix, de graisse et d'huile ; ils y
entrèrent en chantant de pieux cantiques, et des anges
vinrent les en faire sortir.
Rictiovarus,
fou de rage et sans doute saisi du démon, se jeta au milieu
du brasier et s'y tordit dans le désespoir. Telle fut la fin
de ce grand persécuteur, qui fit périr tant de chrétiens
dans les Gaules.
Quant à Crépin
et Crépinien, ils eurent la tête tranchée le lendemain. Le
culte de saint Crépin et de saint Crépinien est un de ceux
qui sont restés les plus populaires ; des confréries furent
établies sous leur vocable, de nombreuses églises bâties en
leur honneur ; d'éclatants miracles furent obtenus par leur
intercession.
Leurs tombes se trouvent dans
l'église San Lorenzo in Panisperna à Rome.
Ils sont célébrés le 25 Octobre, jour de la Bataille
d'Azincourt gagnée par Henri V d'Angleterre. |