APPENDICE
Sœur Lucie a écrit, à la fin du quatrième Mémoire,
demandé par l’évêque de
Leiria et Fatima, le 17 octobre 1941 :
« Je me
sens
comme un squelette dépouillé de tout, et même de la vie, exposé au
Musée National pour rappeler aux visiteurs la misère et le néant de tout ce
qui passe. Ainsi dépouillée, je resterai au musée du monde, rappelant à ceux
qui passent, non la misère et le néant, mais la grandeur des Divines
Miséricordes. »
J’ose dire, moi aussi : la divine Providence, et elle
seulement, m’a entraînée dans l’événement religieux et marial le plus
grandiose de notre siècle : Fatima, avec son message de salut « prière et
changement de vie, puis la révélation du Cœur Immaculé de Marie » aux
trois pastoureaux ; et Balasar, où vécut et mourut la servante de Dieu
Alexandrina Maria da Costa à qui Jésus confia les Tabernacles et les
pécheurs et, en 1935 de demander au Saint-Père, par l’intermédiaire du
cardinal Pacelli, la consécration du monde au même Cœur Immaculé de Marie.
Le jumelage des deux lieux a été suggéré par le
Patriarche de Lisbonne, le cardinal Manuel Gonçalves Cerejeira, dans une
lettre qu’il m’a envoyée le 12 octobre 1973 après avoir lu mon étude “Fatima
et Balasar, céleste jumelage”. Dans cette lettre il écrit : « Je l’ai
lu d’un trait et je ne me fatigue pas dans la contemplation de ce mystère
qui associe et mutuellement confirme la présence de Dieu dans les deux
endroits. La meilleur part dans sa diffusion vous a été donnée. »
Et à la servante de Dieu, Alexandrina, — qui l’écrivait à
son premier directeur spirituel, exilé au Brésil, — le cardinal Cerejeira
disait : «Lors de l’inauguration de la Basilique de la Cova da Iria, j’ai
beaucoup pensé à Fatima et à Balasar, et je vous ai placée sur la patène,
vous offrant en même temps au Christ comme victime pour les pécheurs. »
Depuis 1939, alors qu’elle était encore religieuse
Dorothée à Tuy (Espagne), et, jusqu’à aujourd’hui, je suis confident de la
voyante de Fatima. J’ai reçu d’elle quelques 157 lettres. Je l’ai vue et
visité plusieurs fois, parce que j’étais le confesseur d’une communauté de
ses consœurs, au collège de Sardão, près de Porto, et plus tard au Carmel de
Coimbra. C’est de là qu’elle écrivit plus tard à son neveu salésien, le Père
Valinho : « Je ne peux pas recevoir de visites, excepté les familiers, ni
répondre à des interrogatoires sans l’autorisation explicite du Saint-Siège. »Par sa bonté elle me compte parmi ses familiers parce que
j’ai assisté sa maman et j’ai guidé vers la vie salésienne trois de ses
neveux, deux desquels sont aussi neveux des voyants Francisco et Jacinta.
Je l’ai aidée à diffuser le message avec la biographie
des serviteurs de Dieu “Os Videntes de Fatima” (1944), avec le livre
“Ho visto nascer Fatima”traduit même en portugais :
Notre-Dame a parlé
(1954), et avec la Collection Fatima, dont le tirage était
de six cent mille exemplaires. En m’envoyant des milliers de chapelets, sœur
Lucie m’écrivait le 13 avril 1963 : « Veiller à ne pas laisser l’Italie
dépourvue de Chapelets et de matériel pour les confectionner. Nous ne
voudrions pas qu’à cause de nous cette bonne gent arrête de prier ». Grâce
aux bienfaiteurs italiens à mes confrères, je lui ai envoyé des milliers
d’images, des cartes postales et de grands posters du Cœur de Marie. Le 21
janvier 1982 elle m’écrivait : « Sur les images coloriées que vous m’avez
envoyé, j’ai fait imprimer le message de Notre-Dame : “Récitez le
Rosaire tous les jours pour obtenir la paix dans le monde et la fin de la
guerre”. Au verso, les paroles de Sa Sainteté : “Ma prière préférée”.
Une personne qui avait une audience fixée avec la Saint-Père est passée par
ici et souhaita lui apporter un souvenir de nous.
Faute d’autre chose, il me vint à l’idée de lui
envoyer une quantité d’images avec les paroles en plusieurs langues. J’ai
fait à la hâte un petit paquet et j’ai écrit quelques paroles de respect ;
et la personne s’en alla. Ce fut providentiel que vous les ayez envoyées si
rapidement ».
Dans la même lettre, elle dit : « Peu de temps après,
j’ai reçu le remerciement et la demande du Vatican pour 10.000 images avec
les paroles en polonais... La traduction m’a été faite par un salésien, le
Père Sionek. Comme vous le voyez, nous sommes en relation très active avec
les salésiens. Pour cela, nous vous prions de présenter à Elle Di Ci, nous
remerciements, ainsi qu’à tous les collaborateurs et supérieurs. »
* * *
Comme tous pensaient que l’idée de consacrer le monde au
Cœur Immaculé de Marie avait été suggérée à Fatima, lors d’une conversation
avec la voyante, au Carmel de Coimbra, le 5 août 1978, je lui ai demandé :
« Notre-Dame de Fatima vous a-t-Elle parlé de la consécration du monde au
son Cœur Immaculé ? » Sœur Lucie me répondit que non. Désirant
documenter le fait, je lui ai écrit deux ans plus tard et lui ai demandé de
me mettre par écrit ce qu’elle m’avait affirmé. Le 13 avril 1980, elle
m’écrivait : « Notre-Dame, à Fatima, ne fit référence qu’à la
consécration de la Russie ».
En effet, la Vierge, à la Cova da Iria, le 13 juillet
1917, avait dit : « Je viendrai demander la consécration de la Russie à
mon Cœur Immaculé et la Communion réparatrice des premiers samedis. Si l’on
écoute mes demandes, la Russie se convertira et on aura la paix. Sinon, elle
répandra ses erreurs à travers le monde, provoquant des guerres et des
persécutions contre l’Église. Les bons seront martyrisés, le Saint-Père aura
beaucoup à souffrir, plusieurs nations seront anéanties. A la fin, mon Cœur
Immaculé triomphera. »
Le 10 décembre 1925, à Pontevedra, Notre-Dame demanda à
sœur Lucie la Communion réparatrice des premiers samedis de cinq mois
consécutifs, la récitation du Rosaire et la méditation des Mystères.
Le 13 mai 1929, à Tuy, la Vierge apparaît à sœur Lucie et
lui dit : « Le moment est venu où Dieu demande au Saint-Père de faire, en
union avec tous les évêques du monde, la consécration de la Russie à mon
Cœur Immaculé. Il promet de la sauver par ce moyen ».
Un an après, le 12 juin, sœur Lucie écrit à son
confesseur, le Père Gonçalves sj : « En ce qui concerne la Russie, si je
ne me trompe, notre bon Dieu promet de mettre fin à la persécution dans
cette nation, si le Saint-Père daigne faire, en union avec tous les évêques
du monde entier, un acte solennel et public de réparation et de consécration
de la Russie aux très saints Cœur de Jésus et Marie, pour obtenir la fin de
cette persécution, et s’il approuve et recommande la pratique déjà indiquée
de la dévotion réparatrice ».
La demande faite à Rome par sœur Lucie, par
l’intermédiaire de l’évêque de Leiria, en 1932, n’a pas été accueillie.
Entre-temps, le premier août 1935, Jésus demande à Alexandrina d’écrire au
Saint-Père afin que celui-ci consacre le monde au Cœur Immaculé. Peu après,
le 18 juillet 1936, éclate la guerre civile en Espagne, suscitée par Moscou
afin d’instaurer un régime communiste dans la péninsule ibérique.
Alexandrina est sollicitée pour demander la consécration du monde,
promettant que le Portugal serait épargné. Le Père Mariano Pinho, informé
par sa dirigée le 11 novembre 1936, décide d’écrire au cardinal Pacelli au
sujet de la consécration. Le Saint Office fait examiner le cas de la malade
de Balasar.
Le même Père Mariano Pinho, en juin 1938, alors qu’il
prêche une retraite spirituelle pour l’épiscopat portugais, leur parle de la
demande d’Alexandrina et obtient que le cardinal Patriarche et tous les
évêques adressent une supplique au Saint-Père afin que celui-ci « consacre
l’univers entier au très pur Cœur de Marie. »
Dans une lettre adressée au Cardinal, le 5 septembre
1940, Alexandrina écrit, en y ajoutant une supplique à remettre au chef de
l’État, pour la moralisation des plages : « ... Je sais que votre
Éminence me connaît déjà, depuis que mon directeur spirituel vous a parlé de
moi lorsqu’il s’est agi de demander au Saint-Père la consécration du monde à
Notre-Dame... »
Parmi les évêques ayant signé la demande adressée au
Saint-Père, se trouvait l’évêque de Gurza, qui est devenu plus tard le
confesseur de sœur Lucie. Étant donné que Rome n’avait pas accepté la
demande de consécration de la Russie, il lui conseilla de demander aussi la
consécration du monde, avec une mention spéciale de la Russie.
Sœur Lucie obéit et écrivit au Pape le 2 décembre 1940,
tout en suivant la suggestion de l’évêque de Gurza.
Dans une lettre qu’elle m’a adressée le 13 avril 1980,
elle dit : « Dans la lettre que j’ai écrite au Saint-Père Pie XII —
suivant la suggestion du confesseur — j’ai demandé la consécration du
monde avec mention explicite de la Russie ».
Mais les désirs de Notre-Dame n’étaient pas formulés de
cette manière. En effet, le 13 mai 1929, la Vierge lui avait dit : «Le
moment est venu où Dieu demande au Saint-Père de faire, en union avec tous
les évêques du monde, la consécration de la Russie à mon Cœur Immaculé ».
Serait-elle arrivée l’heure où l’œcuménisme — qui est
l’union — se réalisera avant tout au sein de l’Église ? Que Dieu le veuille
et qu’Il accueille la prière des bons et la souffrance de beaucoup.
Le Père Abel Guerra, qui était le supérieur du Père Pinho
quand celui-ci fut interdit de diriger Alexandrina, et remplacé par moi de
1944 jusqu’à la mort de la servante de Dieu, lors du procès diocésain sur
les vertus de la grande mystique, témoigna : « Je ne doute pas que la
demande faite par elle au Saint-Père, par l’intermédiaire de son directeur
spirituel afin que le monde soit consacré au Cœur Immaculé, ait été inspirée
par Dieu, et, en cela, je compare Alexandrina à sœur Marie du Divin Cœur ».
Le nom de la religieuse du Bon Pasteur est
Maria Dröste
zu Vischering. Ce fut elle qui en 1899, obtint de Léon XIII la
consécration du monde au Cœur de Jésus. Elle fut béatifiée le premier
novembre 1975.
Dans le profil biographique d’Alexandrina, présenté à la
Sacrée Congrégation pour la cause des saints, on peut lire :
«En 1936, sur un ordre de Jésus, elle (Alexandrina),
demanda au Saint-Père, par l'intermédiaire du Père Mariano Pinho, la
Consécration du monde au Cœur Immaculé de Marie. Cette supplique fut de
nouveau réitérée en 1941, motif pour lequel, le Saint-Siège interrogea par
trois fois l'Archevêque de Braga sur Alexandrina : enfin, la Consécration
fut faite par Pie XII à Rome — via la Radio et en langue portugaise
— le 31 octobre 1942.»
Umberto Maria Pasquale.
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