Umberto Maria Pasquale, sdb

 

ÂME DE VICTIME ET D'APÔTRE

APPENDICE

Je resterai dans le musée du monde pour rappeler
la miséricorde de Dieu

 

De l’Osservatore Romano du 12 mai 1982.

Sœur Lucie a écrit, à la fin du quatrième Mémoire, demandé par l’évêque de Leiria et Fatima, le 17 octobre 1941 : « Je me sens comme un squelette dépouillé de tout, et même de la vie, exposé au Musée National pour rappeler aux visiteurs la misère et le néant de tout ce qui passe. Ainsi dépouillée, je resterai au musée du monde, rappelant à ceux qui passent, non la misère et le néant, mais la grandeur des Divines Miséricordes. » [1]

J’ose dire, moi aussi : la divine Providence, et elle seulement, m’a entraînée dans l’événement religieux et marial le plus grandiose de notre siècle : Fatima, avec son message de salut « prière et changement de vie, puis la révélation du Cœur Immaculé de Marie » aux trois pastoureaux ; et Balasar, où vécut et mourut la servante de Dieu Alexandrina Maria da Costa à qui Jésus confia les Tabernacles et les pécheurs et, en 1935 de demander au Saint-Père, par l’intermédiaire du cardinal Pacelli, la consécration du monde au même Cœur Immaculé de Marie.

Le jumelage des deux lieux a été suggéré par le Patriarche de Lisbonne, le cardinal Manuel Gonçalves Cerejeira, dans une lettre qu’il m’a envoyée le 12 octobre 1973 après avoir lu mon étude “Fatima et Balasar, céleste jumelage”. Dans cette lettre il écrit : « Je l’ai lu d’un trait et je ne me fatigue pas dans la contemplation de ce mystère qui associe et mutuellement confirme la présence de Dieu dans les deux endroits. La meilleur part dans sa diffusion vous a été donnée. »

Et à la servante de Dieu, Alexandrina, — qui l’écrivait à son premier directeur spirituel, exilé au Brésil, — le cardinal Cerejeira disait : «Lors de l’inauguration de la Basilique de la Cova da Iria, j’ai beaucoup pensé à Fatima et à Balasar, et je vous ai placée sur la patène, vous offrant en même temps au Christ comme victime pour les pécheurs. » [2]

Depuis 1939, alors qu’elle était encore religieuse Dorothée à Tuy (Espagne), et, jusqu’à aujourd’hui, je suis confident de la voyante de Fatima. J’ai reçu d’elle quelques 157 lettres. Je l’ai vue et  visité plusieurs fois, parce que j’étais le confesseur d’une communauté de ses consœurs, au collège de Sardão, près de Porto, et plus tard au Carmel de Coimbra. C’est de là qu’elle écrivit plus tard à son neveu salésien, le Père Valinho : « Je ne peux pas recevoir de visites, excepté les familiers, ni répondre à des interrogatoires sans l’autorisation explicite du Saint-Siège. » [3] Par sa bonté elle me compte parmi ses familiers parce que j’ai assisté sa maman et j’ai guidé vers la vie salésienne trois de ses neveux, deux desquels sont aussi neveux des voyants Francisco et Jacinta.

Je l’ai aidée à diffuser le message avec la biographie des serviteurs de Dieu “Os Videntes de Fatima” (1944), avec le livre “Ho visto nascer Fatima [4] traduit même en portugais : Notre-Dame a parlé [5] (1954), et avec la Collection Fatima, dont le tirage était de six cent mille exemplaires. En m’envoyant des milliers de chapelets, sœur Lucie m’écrivait le 13 avril 1963 : « Veiller à ne pas laisser l’Italie dépourvue de Chapelets et de matériel pour les confectionner. Nous ne voudrions pas qu’à cause de nous cette bonne gent arrête de prier ». Grâce aux bienfaiteurs italiens à mes confrères, je lui ai envoyé des milliers d’images, des cartes postales et de grands posters du Cœur de Marie. Le 21 janvier 1982 elle m’écrivait : « Sur les images coloriées que vous m’avez envoyé, j’ai fait imprimer le message de Notre-Dame : “Récitez le Rosaire tous les jours pour obtenir la paix dans le monde et la fin de la guerre”. Au verso, les paroles de Sa Sainteté : “Ma prière préférée”. Une personne qui avait une audience fixée avec la Saint-Père est passée par ici et souhaita lui apporter un souvenir de nous.

Faute d’autre chose, il me vint à l’idée de lui envoyer une quantité d’images avec les paroles en plusieurs langues. J’ai fait à la hâte un petit paquet et j’ai écrit quelques paroles de respect ; et la personne s’en alla. Ce fut providentiel que vous les ayez envoyées si rapidement ».

Dans la même lettre, elle dit : « Peu de temps après, j’ai reçu le remerciement et la demande du Vatican pour 10.000 images avec les paroles en polonais... La traduction m’a été faite par un salésien, le Père Sionek. Comme vous le voyez, nous sommes en relation très active avec les salésiens. Pour cela, nous vous prions de présenter à Elle Di Ci, nous remerciements, ainsi qu’à tous les collaborateurs et supérieurs. »

* * *

Comme tous pensaient que l’idée de consacrer le monde au Cœur Immaculé de Marie avait été suggérée à Fatima, lors d’une conversation avec la voyante, au Carmel de Coimbra, le 5 août 1978, je lui ai demandé : « Notre-Dame de Fatima vous a-t-Elle parlé de la consécration du monde au son Cœur Immaculé ? » Sœur Lucie me répondit que non. Désirant documenter le fait, je lui ai écrit deux ans plus tard et lui ai demandé de me mettre par écrit ce qu’elle m’avait affirmé. Le 13 avril 1980, elle m’écrivait : « Notre-Dame, à Fatima, ne fit référence qu’à la consécration de la Russie ».

En effet, la Vierge, à la Cova da Iria, le 13 juillet 1917, avait dit : « Je viendrai demander la consécration de la Russie à mon Cœur Immaculé et la Communion réparatrice des premiers samedis. Si l’on écoute mes demandes, la Russie se convertira et on aura la paix. Sinon, elle répandra ses erreurs à travers le monde, provoquant des guerres et des persécutions contre l’Église. Les bons seront martyrisés, le Saint-Père aura beaucoup à souffrir, plusieurs nations seront anéanties. A la fin, mon Cœur Immaculé triomphera. »

Le 10 décembre 1925, à Pontevedra, Notre-Dame demanda à sœur Lucie la Communion réparatrice des premiers samedis de cinq mois consécutifs, la récitation du Rosaire et la méditation des Mystères.

Le 13 mai 1929, à Tuy, la Vierge apparaît à sœur Lucie et lui dit : « Le moment est venu où Dieu demande au Saint-Père de faire, en union avec tous les évêques du monde, la consécration de la Russie à mon Cœur Immaculé. Il promet de la sauver par ce moyen ».

Un an après, le 12 juin, sœur Lucie écrit à son confesseur, le Père Gonçalves sj : « En ce qui concerne la Russie, si je ne me trompe, notre bon Dieu promet de mettre fin à la persécution dans cette nation, si le Saint-Père daigne faire, en union avec tous les évêques du monde entier, un acte solennel et public de réparation et de consécration de la Russie aux très saints Cœur de Jésus et Marie, pour obtenir la fin de cette persécution, et s’il approuve et recommande la pratique déjà indiquée de la dévotion réparatrice ».

La demande faite à Rome par sœur Lucie, par l’intermédiaire de l’évêque de Leiria, en 1932, n’a pas été accueillie. Entre-temps, le premier août 1935, Jésus demande à Alexandrina d’écrire au Saint-Père afin que celui-ci consacre le monde au Cœur Immaculé. Peu après, le 18 juillet 1936, éclate la guerre civile en Espagne, suscitée par Moscou afin d’instaurer un régime communiste dans la péninsule ibérique. Alexandrina est sollicitée pour demander la consécration du monde, promettant que le Portugal serait épargné. Le Père Mariano Pinho, informé par sa dirigée le 11 novembre 1936, décide d’écrire au cardinal Pacelli au sujet de la consécration. Le Saint Office fait examiner le cas de la malade de Balasar.

Le même Père Mariano Pinho, en juin 1938, alors qu’il prêche une retraite spirituelle pour l’épiscopat portugais, leur parle de la demande d’Alexandrina et obtient que le cardinal Patriarche et tous les évêques adressent une supplique au Saint-Père afin que celui-ci « consacre l’univers entier au très pur Cœur de Marie. » [6]

Dans une lettre adressée au Cardinal, le 5 septembre 1940, Alexandrina écrit, en y ajoutant une supplique à remettre au chef de l’État, pour la moralisation des plages : « ... Je sais que votre Éminence me connaît déjà, depuis que mon directeur spirituel vous a parlé de moi lorsqu’il s’est agi de demander au Saint-Père la consécration du monde à Notre-Dame... »

Parmi les évêques ayant signé la demande adressée au Saint-Père, se trouvait l’évêque de Gurza, qui est devenu plus tard le confesseur de sœur Lucie. Étant donné que Rome n’avait pas accepté la demande de consécration de la Russie, il lui conseilla de demander aussi la consécration du monde, avec une mention spéciale de la Russie.

Sœur Lucie obéit et écrivit au Pape le 2 décembre 1940, tout en suivant la suggestion de l’évêque de Gurza. [7]

Dans une lettre qu’elle m’a adressée le 13 avril 1980, elle dit : « Dans la lettre que j’ai écrite au Saint-Père Pie XII — suivant la suggestion du confesseur — j’ai demandé la consécration du monde avec mention explicite de la Russie ».

Mais les désirs de Notre-Dame n’étaient pas formulés de cette manière. En effet, le 13 mai 1929, la Vierge lui avait dit : «Le moment est venu où Dieu demande au Saint-Père de faire, en union avec tous les évêques du monde, la consécration de la Russie à mon Cœur Immaculé ».

Serait-elle arrivée l’heure où l’œcuménisme — qui est l’union — se réalisera avant tout au sein de l’Église ?  Que Dieu le veuille et qu’Il accueille la prière des bons et la souffrance de beaucoup.

Le Père Abel Guerra, qui était le supérieur du Père Pinho quand celui-ci fut interdit de diriger Alexandrina, et remplacé par moi de 1944 jusqu’à la mort de la servante de Dieu, lors du procès diocésain sur les vertus de la grande mystique, témoigna : « Je ne doute pas que la demande faite par elle au Saint-Père, par l’intermédiaire de son directeur spirituel afin que le monde soit consacré au Cœur Immaculé, ait été inspirée par Dieu, et, en cela, je compare Alexandrina à sœur Marie du Divin Cœur ». Le nom de la religieuse du Bon Pasteur est Maria Dröste zu Vischering. Ce fut elle qui en 1899, obtint de Léon XIII la consécration du monde au Cœur de Jésus. Elle fut béatifiée le premier novembre 1975. [8]

Dans le profil biographique d’Alexandrina, présenté à la Sacrée Congrégation pour la cause des saints, on peut lire :

«En 1936, sur un ordre de Jésus, elle (Alexandrina), demanda au Saint-Père, par l'intermédiaire du Père Mariano Pinho, la Consécration du monde au Cœur Immaculé de Marie. Cette supplique fut de nouveau réitérée en 1941, motif pour lequel, le Saint-Siège interrogea par trois fois l'Archevêque de Braga sur Alexandrina : enfin, la Consécration fut faite par Pie XII à Rome via la Radio et en langue portugaise le 31 octobre 1942.» [9]

Umberto Maria Pasquale.

* * *

[1] Mémoires de Sœur Lucie” - Diffusion : Éditions Téqui, Paris.

[2] Lettre du 3 novembre 1953.

[3] Lettre du 9 mai 1973.

[4] Traduction : “J’ai vu naître Fatima”.

[5] Titre portugais : “Nossa Senhora falou”.

[6] Documents de Fatima, page 523.

[7] Documents de Fatima, page 437.

[8] Par le pape Paul VI.

Nous préparons actuellement (1995) un travail sur “Les Trois Consécrations” demandées par le Ciel, sur le sol Lusitanien : Consécration du monde au Cœur de Jésus (Mère Marie du Divin-Cœur) ; Consécration de la Russie au Cœur Immaculé de Marie (Sœur Lucie de Fatima) et Consécration du monde au Cœur Immaculé de Marie (Alexandrina de Balasar).

[9] Summarium. Profil biographique.
 

   

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