Umberto Maria Pasquale, sdb

 

ÂME DE VICTIME ET D'APÔTRE

CHAPITRE X

L'HEURE DE DIEU

 

« Sur la suggestion de son confesseur »

La phrase de sœur Lucie, dans sa lettre reproduite ci-dessus est très significative. En vérité, la voyante de Fatima avait, au moins deux fois, communiqué à Pie XII la demande de Notre-Dame ; mais elle ne fut pas écoutée.

L'évêque de Gurza — Mgr Manuel Ferreira da Silva, [1] qui était son confesseur — avait, avec tous les autres évêques, signé la demande de consécration du monde, envoyée en 1938, à Pie XII, selon la demande faite par Jésus à Alexandrina.

Ayant appris par l'évêque de Macao, résident à Rome, que Pie XII, après les informations fournies par le chanoine Vilar au Saint-Office, était décidé à faire la consécration du monde au Cœur de Marie, Mgr Ferreira conseilla à Lucie de formuler ainsi sa demande, comme celle-ci le confirma au Père Umberto.

Ainsi, le Saint-Père Pie XII, inséra dans l'acte de consécration cette mention explicite de la Russie :

« Étend ta protection... aux peuples séparés par l'erreur et par la discorde, spécialement ces qui professent envers toi une particulière dévotion, si bien que dans toutes leurs maisons, ton icône est exposée. Donne-leur la paix et reconduis-les à l'unique bergerie du Christ, à l'unique et vrai Berger. » [2]

Il y avait, en effet, une réelle convergence entre les deux demandes, celle de sœur Lucie et celle d'Alexandrina ; par contre elles étaient différentes en ce qu'elles avaient de spécifique.

À Pie XII il intéressait de répondre à la demande du Ciel, faite par l'intermédiaire de sœur Lucie. Et cette demande il devait la faire connaître progressivement afin d'obtenir l'éloignement des menaces de guerre apocalyptique que la Russie, avec son athéisme militant et sa dynamique, faisait peser sur le monde, guerre d'extermination causée par l'accumulation des péchés de l'humanité.

C'est pour cela que, le 7 juillet 1952, jour des saints Cyrille et Méthode, Pie XII, par une Lettre Apostolique adressée à tous les États de l'Union Soviétique, consacra tous ces États au Cœur Immaculé de Marie. Il ne put, toutefois, associer à son acte tous les évêques du monde, comme l'avait demandé Notre Dame. La persécution religieuse, programmée par l'athéisme marxiste-léniniste, s'embrasa comme un incendie le 17 octobre 1917, cinq jours après la dernière apparition de Notre Dame à Fatima.

Le Pape venu de loin

Le Seigneur réserva à Jean-Paul II le privilège de réaliser sa volonté. Sollicité par de nombreux fidèles et par des évêques de divers continents, le Pontife voulût aller aux sources même, afin de connaître l'interprétation qui en faisait sœur Lucie, la voyante de Fatima.

En avril 1982, peu de temps avant son pèlerinage à Fatima afin de remercier la Sainte Vierge de l'avoir sauvé lors de l'attentat du 13 mai 1981, place Saint-Pierre, il chargea le Nonce Apostolique à Lisbonne et l'évêque de Fatima d'interroger sœur Lucie. A la suite d'un long colloque au Carmel de Coimbra, l'évêque porta à Rome la relation écrite afin d'en informer le Saint-Père, programmer son pèlerinage au Portugal et lui présenter le désire, ainsi que le besoin de la voyante de lui parler personnellement.

La rencontre du Pape avec sœur Lucie

Le désir de la voyante fut satisfait. Elle en parla dans une lettre adressée à son neveu, salésien, Dom José Valinho, en ces termes :

« Je reprends aujourd'hui de répondre à la nombreuse correspondance, après l'interruption du 7 de ce mois, due à mon départ pour Fatima. J'ai pris avec moi la machine à écrire et les feuilles, ainsi que les adresses de ceux à qui je voulais répondre de là-bas. Mais je n'ai même pas réussis à la sortir de sa boite, malgré le fait que je sois restée jusqu'au 19 en attendant que les pèlerins soient partis, ainsi que les journalistes, lesquels ne semblent pas avoir d'autres choses à faire. Toutefois, avec ce retard, grâce à Dieu, j'ai pus retourner sans être vue et j'ai fait un excellent voyage... » [3]

Du Carmel de Cova da Iria, duquel elle fut l'hôte avec sa Supérieure et sa nièce Inès da Eucaristia, [4] Lucie fut ramenée en ambulance — afin de n'être vue de personne — à la Maison des Exercices, pour l'audience avec le Saint-Père. Le colloque dura 25 minutes. Nous ignorons les sujets qui y furent abordés. Ils s'échangèrent des cadeaux. La voyante envoya au Père Umberto le Rosaire que lui avait offert sa Sainteté, [5] accompagné de la lettre suivante :

« Le 13 mai fut pour moi un jour merveilleux, tout particulièrement la rencontre avec le Saint-Père ; encore une très grande grâce de la Maman du Ciel. Que Dieu soit béni par son immense miséricorde ! Vous avez probablement assisté à toute la cérémonie à travers la télévision et il n'est donc pas nécessaire d'en dire davantage. » [6]

Le Père Umberto avait écrit à sœur Lucie pour lui souhaiter que la demande de la Vierge soit accomplie, et qu'ainsi, l'amertume qui l'angoissait depuis 1929 — quand Notre-Dame lui annonça que l'heure était venue de demander au Pape la consécration de la Russie, en union avec tous les évêques du monde — soit adouci. Ce fut lors de cette vision que sœur Lucie vît jaillir du Christ crucifié les paroles “Grâce et Miséricorde” ; celles-ci coulaient sur la terre comme une eau cristalline. Les paroles mêmes qu'elle écrivit au Père Umberto.

« Totus tuus »

Jean-Paul II, juste après son élection, commença la récitation du Rosaire à travers la radio vaticane, tous les premiers samedis de chaque mois, comme Notre-Dame l'avait demandé à Pontevedra en 1925.

Lorsque, le 13 mai 1981 il échappa à la mort, lors de l'attentat place Saint-Pierre, il promit, comme lui-même le révéla, de venir à Fatima, témoigner de son immense gratitude envers Marie.

Vers la fin avril 1982, Jean-Paul II, après avoir lu les rapports du Nonce apostolique et de l'évêque de Fatima, se décida à écrire à tous les évêques du monde — en y joignant une photocopie de « L'Osservatore Romano », avec la Lettre Apostolique de Pie XII du 7 juillet 1952 à tous les états de la Russie — afin que tous s'unissent à lui, lors de son pèlerinage au Portugal.

Dans son discours du 13 mai 1982, à la Cova de Iria, il se présenta “comme successeur de Pierre uni à tout le Collège apostolique”.

Dans l'acte de consécration à Notre-Dame il la pria en ces termes : “Libère-nous de ceux qui nient la vérité divine diffusant dans le monde l'athéisme.

L'allusion au marxisme est évidente, même si celui-ci n'est pas explicitement nommé, à fin de ne pas soulever des polémiques ni faire courir le risque de persécution aux chrétiens de nombreuses nations régies par la fausse idéologie du communisme.

* * *

1) Ce fut la sœur de cet évêque qui envoya à Alexandrina la somme nécessaires pour lever l’hypothèque de la maison de celle-ci.

2) Consécration du 31 octobre 1942.  

3) Lettre du 28 mai 1982.

4) Agnès de l'Eucharistie. (prononcez Inéch).

5) Celui-ci en fit cadeau au Centre de Documentation Mariale de la Basilique de Marie Auxiliatrice de Turin.

6) Lettre du 3 mai 1982.
 

   

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