Umberto Maria Pasquale, sdb

 

ÂME DE VICTIME ET D'APÔTRE

CHAPITRE VII

« JE VEUX LA CONSÉCRATION DU MONDE AU
CŒUR IMMACULÉ DE MA MÈRE »

 

L'aube d'une dévotion mondiale au Cœur de Marie

Dans l'immédiat après-guerre, il y eut un intense réveil religieux, un grand retour à Dieu, par l'intermédiaire de ce qui était alors appelé Pèlerinage Marial.

Le Pèlerinage avait, avant tout, comme premier but : consacrer le monde entier au Cœur Immaculé de Marie. La conversion du genre humain était ainsi proposée par le moyen de la prière et donc d'une vie davantage fervente.

Quand on parle du Cœur Immaculé de Marie, notre pensée est immédiatement attirée par Fatima. En effet, c'est à Fatima que la Vierge Marie montra son Cœur aux pastoraux, en juin 1917. Le 13 juillet suivant Notre-Dame parla aux enfants dans ces termes :

“Vous avez vu l'enfer où vont les âmes des pauvres pécheurs. Afin de les sauver, Dieu veut établir dans le monde la dévotion à mon Cœur Immaculé. Si vous faites ce que je vous dis, beaucoup d'âmes seront sauvées et vous aurez la paix. La guerre (1914-1918) va finir. Mais, si on ne cesse d'offenser Dieu, sous le règne de Pie XI, il en commencera une autre, pire encore. Lorsque vous verrez une nuit éclairée par une lumière inconnue, sachez que c'est le grand signe que Dieu vous donne, qu'Il va punir le monde de ses crimes, par le moyen de la guerre, de la famine et de persécutions contre l'Église et le Saint-Père.

Afin de l'empêcher, Je viendrai demander la consécration de la Russie à mon Cœur Immaculé et la Communion réparatrice des premiers samedis. Si l'on écoute mes demandes, la Russie se convertira et on aura la paix. Sinon, elle répandra ses erreurs à travers le monde, provoquant des guerres et des persécutions contre l'Église. Les bons seront martyrisés, le Saint-Père aura beaucoup à souffrir, plusieurs nations seront anéanties. A la fin, mon Cœur Immaculé triomphera.” [1]

Puis, la Vierge avait ajouté :

“Ceci, ne le dites à personne.”

Le demande de la Vierge à Fatima

« La Vierge avait dit qu'Elle reviendrait pour demander la consécration de la Russie. Est-Elle venue comme promis ? » – demanda un journaliste [2] à sœur Lucie, la voyante de Fatima, lors d'un entretien (rigoureusement transcrit).

Et la voyante de répondre :

  — Oui, oui, Elle est venue.

  — Quand ?

  — En 1925. Le 10 décembre de cette année-là, Notre-Dame m'est apparue avec l’Enfant Jésus.

  — Où ?

  — Dans ma chambre, à Pontevedra. [3]

  — Et que vous dit la Sainte Vierge ?

  — Elle me dit : “Vois, ma fille, mon Cœur entouré d'épines, par lesquelles les hommes ingrats me transpercent, à chaque instant, par leurs blasphèmes et leurs ingratitudes. Toi, du moins, cherche à me consoler par la pratique des premiers samedis du mois”.

— On a noté que Notre-Seigneur avait demandé, à peu près dans les mêmes termes, la dévotion au Sacré-Cœur à sainte Marguerite Marie Alacoque. On dirait une réminiscence de Paray-le-Monial.

La Sœur sourit, et son sourire traduisit l’innocence et la candeur d’une enfant.

Pouvais-je, par hasard, prescrire à la très Sainte Vierge la manière de s'exprimer ?

— La Sainte Vierge, — continua d'insister l'interlocuteur — vous a-t-Elle demandé de propager la dévotion des premiers samedis du mois ?

Non, mais de la faire connaître.

— Avez-vous insisté, plus tard, auprès de Monseigneur l'Évêque de Leiria, pour qu’il réalise le désir de la très Sainte Vierge en ce qui concerne les premiers samedis ?

  — Oui.

— Pourquoi ? La très Sainte Vierge vous est-Elle apparue de nouveau ?

Non. Je souffrais seulement de ne pas voir satisfaire la demande de Notre-Dame.

— N'avez-vous parlé à personne des premiers samedis du mois ?

Je me suis appliquée à propager cette pratique autour de moi, sans parler cependant de l'apparition de Notre-Dame et du secret.

— La Sainte Vierge, lors de l'apparition de 1925, vous a-t-elle parlé aussi de la consécration de la Russie à son Cœur Immaculé ?

Non.

— Alors, à quelle période est-Elle venue demander cette consécration ?

En 1929.

— Où cette apparition a-t-elle  eu lieu ?

A Tuy (Espagne), dans la chapelle.

— Et que vous a demandé la très Sainte Vierge ?

Elle a demandé la consécration de la Russie à son Cœur Immaculé, faite par le Pape, en union avec tous les évêques du monde entier.

— N’a-t-Elle pas parlé de la consécration du monde ?

Non.

— Et vous, avez-vous fait connaître à l'Évêque de Leiria le désir de la très Sainte Vierge ?

Bien entendu...

— Et depuis 1929, ma Sœur, avez-vous demandé que le Pape consacre le monde, ou seulement la Russie ?

Depuis 1925 j'ai demandé que l’on propage la communion réparatrice, avec confession, récitation du chapelet et un quart d'heure de méditation, les cinq premiers samedis de cinq mois consécutifs.

Pour obtenir la réalisation de cette demande de Notre-Dame, je me suis adressée à mon confesseur, et à la Révérende Mère Supérieure, Mère Maria das Dores Magalhães. Par ordre de la Révérende Mère Supérieure, j’ai écrit au confesseur que j’avais eu précédemment à Porto, Monseigneur Pereira Lopes. Comme il ne me répondait pas, par ordre de la Révérende Mère Supérieure, j’ai parlé du désir de Notre-Dame à un Père Jésuite, alors en résidence à Pontevedra, le Père Francisco Rodrigues.

En 1926, en arrivant à Tuy, j’ai rendu compte de la demande de Notre-Dame au confesseur d’alors, le Révérend Père José da Silva Aparício, Supérieur de la Résidence des Pères Jésuites de cette ville. (...).

En 1929, (...) j'ai rendu compte de la demande de Notre-Dame, au sujet de la consécration de la Russie au Révérend Père Francisco Rodrigues qui passait souvent ici, en se rendant au Portugal et au Révérend Père José Bernardo Gonçalves, qui était venu remplacer le Révérend Père Aparício.

J'ai confié ces mêmes choses à mes Supérieures. (...)

Dans une lettre, que, par ordre de mes directeurs spirituels, j’ai écrite au Saint-Père en 194O, j'ai exposé la demande exacte de Notre-Dame, et demandé la consécration du monde, avec mention spéciale de la Russie.

La demande exacte de Notre-Dame était que le Saint-Père fasse la consécration de la Russie à son Cœur Immaculé, en à tous les évêques du monde catholique de la faire en même temps, en union avec Sa sainteté. » [4]

Le dialogue s'arrêta là. Et l'on peut déduire que :

La Vierge apparut de nouveau en 1925, comme Elle l'avait promis lors du déjà lointain 13 Juillet 1917. Elle montra son Cœur entouré d'épines, symbolisant les blasphèmes et l'ingratitude des hommes. Elle demanda que soit propagée la dévotion des premiers samedis.

En 1929, Notre-Dame revint et demanda la Consécration de la Russie à son Cœur Immaculé.

Par contre, Elle ne demanda pas, à sœur Lucie la consécration du monde.

Ce n'est qu'en 194O que Lucie exposa au Pape le texte de la demande de consécration de la Russie au Cœur de Marie en y ajoutant, selon son désir personnel, la consécration du monde.

À Balasar, Jésus choisit la messagère du Cœur de Marie

À Fatima, Notre-Dame avait dit : “Pour sauver les pécheurs, Dieu veut établir dans le monde la dévotion à mon Cœur Immaculé.”

Dix-huit ans plus tard, à Balasar, le Seigneur se révéla à Alexandrina, victime volontaire et héroïque pour les pécheurs du monde entier, et lui confia le message de salut :

Autrefois J'ai demandé la Consécration du genre humain à Mon divin Cœur. Maintenant, Je la demande au Cœur Immaculé de Ma Très Sainte Mère. [5]

Il en résulta que le Saint-Siège demanda des informations sur le cas de Balasar auprès de l'Archevêque de Braga.

Ensuite, la Nonciature de Lisbonne ordonna, en 1937, que le problème de la malade soit examiné.

« Le 31 mai 1937, écrivit Alexandrina, j'ai reçu la visite du Père Antonio Durão, jésuite, lequel venait, mandaté par Rome, examiner le “cas de la Consécration du Monde au Cœur de Marie”.

Mon seul désir serait de vivre cachée, sans que personne ne soit informée de ce qui m'arrivait. Le Révérend Père remit à ma sœur un billet écrit par mon Directeur spirituel, afin qu'elle me le lise. Il disait ce qui suit : “Voici le Révérend Père Durão. Parlez-lui en toute liberté et répondez à tout ce qu'il voudra savoir”. J'ai été troublée et, j'ai demandé à ma sœur ce que je devais lui dire. Moi, en vérité, je ne savais pas que de tels examens étaient nécessaires pour des cas comme le mien. Ma sœur, m'encouragea grandement en médisant : “Dis-lui ce que le Seigneur t'inspirera !”

Le prêtre entra, et m'interrogea sur les choses de Jésus. J'ai été très étonnée de mes réponses spontanées à toutes ses questions. Il m'a dit qu'il ne souhaitait savoir que les choses principales, étant donné que mon état de santé était précaire et qu'il ne voulait pas me fatiguer. Je lui ai répondu que j'ignorais quelles étaient les choses principales. Et sans autres préambules, il commença lui-même à me parler de l'affaire de la Consécration du monde au Cœur Immaculé de Marie.

Après plusieurs questions, avec de bonnes manières, il m'a dit : “Êtes-vous certaine de ne pas vous tromper ?” A ces paroles, je me suis mise à pleurer, parce que souvent j'étais tourmentée par le doute au sujet de toutes ces choses qui se produisaient en moi. Sa question souleva une tempête dans mon cœur. Le bon prêtre ne montra aucune surprise, bien au contraire, il renchérit : «Ces choses coûtent beaucoup, n'est-ce pas ?» Je lui ai répondu : “Oui, en effet, elles coûtent beaucoup, parce qu'elles me font bien souffrir”. Ensuite il m'a demandé de penser à lui dans mes prières et m'a promis lui aussi de penser à moi lors de la célébration de la Messe.

Avant de prendre congé de moi, il s'agenouilla et récita trois Ave et quelques prières jaculatoires, ensuite il m'a saluée et est partit. Moi, après son départ, j'ai beaucoup pleuré, attristée de voir que mon cas était devenu public, alors que pendant bien longtemps j'avais réussi à le maintenir secret.

J'ai alors écrit à mon Directeur afin de tout lui raconter. Pour me tranquilliser, il m'a répondu de suite, en me disant : que tout cela était pour la plus grande gloire de Dieu. »

Le provincial des Jésuites, après avoir lu le rapport du Père Antonio Durão, y mit une annotation dans laquelle il était écrit qu'il n'avait aucun doute sur les vertus de la malade, « mais qu'il ne décelait pas le moindre signe externe capable de prouver l'origine divine des locutions et que la plus grande prudence était de rigueur. »

Le Seigneur interviendra et donnera, comme signe extérieur chez Alexandrina, le phénomène de la passion dont nous avons déjà parlé.

* * *

1 - “Mémoires de Sœurs Lucie” - Diffusion : Éditions Téqui ; Paris.

2 - Il s'agit du père De Marchi, missionnaire de la “Consolata”. Il en parle dans son livre : “C’était une Dame plus brillante que le soleil”, Diffusion : Éditions Téqui ; Paris.

3 - Ville du nord de l'Espagne, non loin de la frontière portugaise, où sœur Lucie se trouvait à ce moment-là. Elle n’était à cette époque que simple postulante.

4 - Père de Marchi, “Témoignages sur les apparitions de Fatima”. Éditions TAQUI - PARIS.

5 - Cette demande de consécration du monde au Sacré-cœur a été faite aussi au Portugal, par Jésus Lui-même à la bienheureuse Marie du Divin Cœur, supérieure du couvent du Bon Pasteur à Porto, béatifiée le 1 novembre 1975, par le pape Paul VI. Il est intéressant de noter que les trois consécrations aient été demandées au Portugal “qui gardera le dogme de la foi”. En 1899, la consécration du genre humain au Sacré-Cœur. En 1917, à Fatima, la consécration de la Russie au Cœur Immaculé de Marie. En 1935, à Balasar, à Alexandrina Maria, Jésus demande la consécration du monde au “Cœur Immaculé de sa Très Sainte Mère”. Note du traducteur.
 

   

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